top of page

Je le vois enfin cet Amazone qui se tortille à travers le hublot… ! Ce fleuve m’a toujours fascinée, aujourd’hui il est là. Je vais atterrir à Iquitos, en pleine Amazonie péruvienne. La jungle entoure la ville qui doit son importance aux nombreux conquistadores, et à l’exploitation du caoutchouc  dans les années 1880. Il n’y a pas de route pour arriver jusqu’ici. Il faut choisir entre la voie aérienne ou la voie fluviale.  

L’arrivée est assez folklorique… On prend une bouffée d’air chaud quand les portes de l’avion s’ouvrent, la végétation luxuriante borde la piste. Le paysage change du tout au tout par rapport au reste du pays. Dehors, ne cherchez pas les voitures! En revanche les mototaxis pullulent !

Le quartier de Belen est le plus « spectaculaire » de la ville. Ici, on vit au rythme du fleuve, et avec le fleuve.  Belen « trempe » dans le rio Itaya, qui rejoint ensuite le grand Amazone.  Sur les rives, les habitations en bois sont toutes sur pilotis pour parer les éventuelles crues. D’autres, sont construites complètement sur l’Itaya, elles flottent, montent et descendent selon l’humeur du fleuve.  Les embarcations de fortune peuplent le quartier. Les habitants se déplacent en barque, des Indiens arrivent de la jungle en pirogue vendre leurs produits. Un peu plus haut, on arrive dans le marché, bruyant et exalté. On y croise des gens qui déambulent avec toutes sortes de fruits. Les étals de viande qui « sèche » au soleil, côtoient les sacs de riz, sucre, ustensiles en tous genres, ou même singes et perroquets à adopter.  C’est pauvre, mais plutôt  joyeux et très vivant. Des ados jouent pieds nus au volley en pleine rue, des gamins jouent au ballon ou éclatent de rire et plongent dans l’Itaya en voyant mon appareil photo.Je suis un paragraphe. Cliquez ici pour ajouter votre propre texte et modifiez-moi. Je suis l'endroit parfait pour raconter une histoire, et pour vous présenter à vos utilisateurs.

L'Amazone vu d'avion
Belen, quartier d'Iquitos
Belen, Iquitos
L'amazonie Péruvienne

Il est temps de partir explorer la jungle ! Jairo, jeune guide de 20 ans rencontré la veille, va nous y emmener, mon amie Muriel et moi. Dès le petit matin, c’est parti pour 3h de barque à moteur sur le rio Marañon, qui, réuni avec l’Ucayali, forme l’Amazone. On débarque au village nommé « Veinte de enero » où le repas de midi nous est servi. Bananes  grillées, riz et poisson sont au menu dans une petite maison sur pilotis. Nous sommes ensuite présentées à Edwin, guide local de la réserve Pacaya Samiria où nous nous trouvons. La réserve est protégée, et Edwin est là aussi bien pour veiller à notre sécurité que sur l’environnement. 

 Nous faisons nos premiers pas dans la forêt en compagnie de Jairo et Edwin. Je ne suis pas très rassurée tout de même, mais j’ai confiance en eux. Ils nous ouvrent le chemin à la machette, nous apportent des explications sur les oiseaux, les arbres et  leurs propriétés médicinales.... La progression est lente, il faut faire attention aux arbres à épines, aux branches, lianes, bouts de bois aussi bien en l’air que par terre. Jairo nous précise de ne pas toucher les arbres car il peut y avoir des serpents. La nuit tombe, nous observons, guettons les éventuels animaux nocturnes, écoutons les bruits de la jungle tout à la joie de cette première soirée amazonienne.

 

Le retour au village se fait en bateau dans l’obscurité. Le batelier semble avoir une bonne connaissance des lieux… Nous sommes aux sources de l’Amazone. Des dizaines de cours d’eau plus ou moins importants se tordent dans tous les sens avant de se rejoindre en amont pour former le grand fleuve. Tout est surdimensionné ici ! On se sent tout petits dans cette nature grandiose, une bienfaisante humilité nous envahit devant cette nature éblouissante qui nous apporte tant. La végétation généreuse  comme nulle part ailleurs sur la planète nous offre une quantité incroyable de plantes médicinales  dont nous serions bien en peine de nous passer. A  l’inverse nous sommes sur le même territoire que des plantes ou animaux beaucoup moins  sympathiques, dans l’eau aussi bien que dans la jungle.

Muriel est extrêmement surprise en découvrant la douche : deux troncs sur la rivière. Le climat est moite, chaud et humide, et quand il faut y aller, faut y aller… ça grouille de poissons, et l’eau est de couleur marron. L’Amazone et autres rios d’Amazonie sont pleins de limon et de divers acides dus à la décomposition de feuilles et branchages ce qui donne à l’eau sa couleur brune et trouble.

Nous dormons Muriel, Jairo et moi dans la maison sur pilotis. Toutes les autres habitations de ce petit village le sont aussi.

Le lendemain matin, une nouvelle fois accompagnées de Jairo et Edwin, nous repartons explorer la jungle. Edwin a repéré un paresseux. Il nous joue un numéro d’acrobate pour aller le chercher.  Il monte aux arbres comme un singe ! Beaucoup des habitants d’ici sont les héritiers des peuples Boras ou  Witotos. Ils connaissent les cours d’eaux et la forêt par cœur, ont apprivoisé la nature depuis toujours et la comprennent mieux que quiconque. Ils se consacrent presque tous à la pêche, à l’agriculture, à la cueillette et à la chasse. Malgré la colonisation espagnole à laquelle ils n’ont pas échappé, ils ont su conserver leurs savoirs ancestraux. Ils savent flairer la piste d’un singe, ou pêcher à la lance. C’est rassurant et très enrichissant d’être en leur compagnie, d’autant que nous allons camper là cette nuit… Nos guides installent hamacs et moustiquaires… Ils sont aux petits soins pour nous et nous préparent des petits plats en pleine jungle ! Ça en est presque comique mais très plaisant à voir ! La cuisine de la selva (forêt) utilise des produits locaux naturels. La réserve de Pacaya Samiria bénéficie d’une grande diversité biologique : plus de 250 sortes de poissons, une centaine d’espèces mammifères, environ 450 espèces d’oiseaux sont recensées, sans compter les reptiles et les amphibiens. On dénombre aussi plus de 1000 espèces de plantes sauvages et de plantes cultivées.

Une paresseux
Amazonie

A la tombée de la nuit, nous ne sommes pas très rassurées quand nous embarquons dans le petit canoë à la recherche d’alligators. L’eau arrive à raz de la barque, nos pieds trempent complètement au bout de quelques minutes seulement. De plus, il y a des branchages et bouts de bois immergés qui font bouger notre petite embarcation et manquent de nous faire chavirer… Je comprends pourquoi  Jairo voulait que nous mettions les gilets de sauvetage… Nous restons même coincés sur une branche à tourner en rond un moment avant de pouvoir nous libérer. Avec Muriel, nous devons nous pincer pour y croire… Nous sommes au milieu de la jungle amazonienne dans un canoë en pleine nuit en train de chercher des crocodiles… Mais nous ne découvrirons qu’un bébé alligator blessé par un piranha. Nous ne sommes pas franchement déçues…

A notre retour au campement, la journée est loin d’être terminée… Bizarrement… nous n’avons pas envie de nous coucher trop tôt … Nous finissons la soirée à 4 avec Jairo et le batelier reconverti en conteur. Il nous raconte des histoires de la jungle, les arbres qui marchent, ou les dauphins roses de l’Amazone qui se transforment en personnages.

Au moment où nous décidons de rejoindre nos hamacs, Edwin et Jairo trouvent un serpent qu’ils prennent un malin plaisir à nous agiter sous le nez… Le reste de la nuit se passe sans soucis.

On se réveille tous au petit matin. Sortir du hamac, s’extirper de la moustiquaire, et remettre les bottes en vérifiant si serpent, mygale, ou autre animal  peu sympathique ne s’y est pas glissé, n’est pas forcement chose aisée... Ce réveil matinal arrange bien Jairo qui compte nous emmener en canoë dès le lever du jour. Le camp replié, on peut partir. On parcourt le fleuve dans la brume matinale en admirant ce paysage fantasmatique…

On débarque près d’un lac recouvert de plantes aquatiques. Jairo et Edwin nous invitent, en pleine jungle, à prendre un petit déjeuner, composé de papayes et d’oranges. Après une balade à admirer les oiseaux, nous sommes de retour à Veinte de Enero pour prendre le repas de midi.

L’après-midi se déroule tranquillement : une partie de pêche aux piranhas, et une baignade dans le rio en compagnie des poissons qui sautent… Les gens d’ici connaissent parfaitement les fréquentations des courts d’eaux. Ils savent à quels endroits trouver certaines variétés de poissons ou crocodiles, ils savent où aller pour pêcher, où nagent les poissons dangereux, et où aller se baigner sans le moindre risque de mauvaise rencontre…

Demain matin, il sera temps de remonter le fleuve vers Iquitos, et de partir rejoindre New York, Manahttan et ses gratte-ciel. Un autre genre de jungle.

Parfois, quand je ferme les yeux, je peux encore entendre le clapotis de l’eau sur la pirogue, je peux alors m’endormir paisiblement, doucement bercée dans les bras de l’Amazone.

© 2023 by Lucile Habert. Proudly made by Wix.com

bottom of page