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New York, New York! 

New York, New York !

Buildings à perte de vue, gigantisme, démesure, folie des grandeurs…

Voilà ce qui me vient à l’esprit à l’évocation de ce nom. Il y a quelques heures, je remontais le Rio Maranon, jusqu’à l’Amazone. Plusieurs heures de barque à moteur pour sortir de la jungle profonde, et rejoindre la civilisation à Iquitos. Un bref passage par l’aéroport de Lima, puis encore quelques heures d’avion vers la grosse pomme. Je ne sais pas l’effet qu’à l’avion sur le commun des mortels, mais à moi, il me fait perdre toute notion de temps. Je viens de vivre des moments riches à tout point de vue, les Andes et l’ivresse de ses  hauteurs, puis l’Amazonie. J’ai les poumons gonflés à bloc, remplis de cette nature grandiose.

Je suis maintenant à JFK. Je dispose d’une dizaine d’heures avant de reprendre un autre vol. Pas très compliqué de trouver un taxi jaune pour atteindre Brooklyn bridge. Je traverse le pont à pied avec vue imprenable sur la cascade de tours, de vitres, de bâtiments surdimensionnés.  De Brooklyn bridge, on arrive dans Manhattan par ground zero.  Tout un symbole, encore plus fracassant quand on sort directement d’une autre jungle, l’Amazonie, pour se retrouver parachuter là, dans ce grand théâtre sans en être acteur.  Je n’ai pas « dormi » au sens propre comme au figuré entre ces deux mondes complètement opposés. J’ai la sensation de ressentir le décalage le plus extrême qui soit.  Je dispose de peu de temps, ce qui rend les choses encore plus irréelles. Un hot dog et un bretzel avalés dans central Park, puis Times Square. J’ai l’impression d’être dans un film que l’on passe en vitesse accélérée. J’ai encore en moi le rythme Amazonien, celui de la pirogue qui glisse lentement sur l’eau. Ici, tout défile. Vacarme incessant des moteurs qui chauffent,  cris des vendeurs de journaux, sirènes hurlantes, vitrines dégoulinantes de choses superflues qui appellent le porte monnaie, panneaux publicitaires géants qui recouvrent les bâtiments. New York, New York, le rêve américain. Hommes pressés, qui me passent devant comme si j’étais un fantôme, l’oreille collée au téléphone portable. D’ailleurs, je viens de rallumer le mien,  objet qui avait perdu tout sens, resté éteint depuis plusieurs jours. Le réseau de téléphone, dans la jungle on sait à peine que cela existe, et on l’oublie très vite… Je ne suis pas très impatience d’écouter les messages qui me rappellent trop mon quotidien. Un taxi dans l’autre sens, je quitte déjà Manhattan, la tête à l’en vers. Le trajet vers Paris en avion n’arrange pas les choses. Je suis éveillée depuis 72 heures. Ça fait trois jours complets que je suis dans la même journée, tant de choses se sont passées en si peu de temps. On traverse les fuseaux horaires, ça se bouscule dans la tête. Le jour est encore là quand j’arrive à Paris.

Une image de New York, Manhattan

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